2024-08-15
MJ Sinha est un consultant et conseiller en investissement responsable et d'impact avec une vaste expérience en bénévolat et en travail pour des organismes sans but lucratif, des fondations et des bureaux familiaux à travers le Canada et à l'étranger. MJ est également le premier directeur des investissements du Rental Protection Fund en Colombie-Britannique. Nous nous sommes récemment entretenus avec MJ pour discuter de son parcours et de ses réflexions sur l'investissement responsable et d'impact.
MJ, vous n'êtes pas seulement un soutien aux immigrants au Canada, vous avez aussi vécu cette expérience. Pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours et de votre intégration dans la vie canadienne ?
Je suis venu au Canada en 2013 pour poursuivre mon MBA. J'ai eu la chance d'avoir un ami proche de mes études de premier cycle, Anuj, qui vivait à Toronto, et ensuite d'avoir l'opportunité de créer des amitiés au cours de mon MBA. Depuis, grâce à mon travail, j'ai rencontré des personnes formidables, qui sont comme des amis maintenant. Je me sens chez moi au Canada, et les gens que j'ai dans ma vie y ont joué un rôle essentiel. Je suis éternellement reconnaissant pour tout cela.
Comment votre carrière a-t-elle évolué ?
Professionnellement, après mon MBA, j'ai travaillé en tant que contractuel dans un fonds d'investissement, puis dans un rôle en entreprise avant de décider de devenir consultant, car je ne parvenais pas à trouver un poste à temps plein dans mon domaine de prédilection : l'investissement d'impact. C'est ma première cliente, Elizabeth Heald, qui m'a offert mon premier contrat de consultant et a été l'une de mes plus grandes soutiens. Après avoir conseillé elle et bien d'autres pendant quelques années, j'ai rejoint une fondation basée à Toronto, axée sur la foi, en tant que responsable des finances et des investissements. Je trouve louable que ce comité d'embauche ait donné à un immigrant, une personne de couleur, quelqu'un avec une foi, un accent et une couleur de peau différents, l'opportunité de gérer leurs finances et leurs investissements.
Par la suite, j'ai à nouveau travaillé en tant que consultant, avant de rejoindre l'un des plus grands fonds d'investissement d'impact d'Amérique du Nord en tant que premier directeur des investissements, poste que j'occupe actuellement.
Selon vous, quels sont les défis les plus difficiles pour ceux qui immigrent au Canada aujourd'hui, et comment cela vous rappelle-t-il votre propre histoire ?
Sur le plan personnel, je pense que le plus difficile est le changement dans le sentiment d'identité. Vous avez quitté le pays où vous avez grandi et appelez maintenant un autre pays votre chez-vous. Où appartient-on vraiment ? Où est la maison ? De plus, être loin de sa patrie et reconstruire à partir de zéro est parfois solitaire, pour beaucoup, y compris moi-même, même si j'ai un solide groupe au Canada.
Quand vous pensez à l'autonomisation des immigrants et des réfugiés au Canada, quel rôle pensez-vous que la philanthropie et l'investissement d'impact jouent dans cet avenir ?
L'immigration a été une stratégie clé pour le Canada depuis des décennies, bien que le profil des immigrants ait continué à changer et à évoluer. La philanthropie et l'investissement d'impact peuvent aider de plusieurs façons...
Premièrement, en aidant davantage d'immigrants à s'intégrer dans la société canadienne et sur le marché de l'emploi en les intégrant dans vos cercles personnels et en acceptant l'expérience étrangère lors des embauches.
Deuxièmement, en contribuant à contrer le discours anti-immigrants qui continue d'augmenter, au Canada et dans le monde. Cela ne signifie pas fermer les yeux sur les plaintes légitimes concernant des sujets tels que le logement abordable, etc., que les gens peuvent avoir, mais plutôt veiller à ce que les immigrants qui viennent au Canada soient traités de manière équitable, juste et avec dignité, et ne soient pas utilisés comme boucs émissaires pour des problèmes systémiques plus vastes qu'ils n'ont pas créés.
Dans votre entreprise de conseil, vous aidez les propriétaires d'actifs à comprendre le pouvoir de leur capital. Pouvez-vous nous dire comment vous travaillez avec eux sur leur parcours d'investissement responsable et d'impact ?
J'accompagne des fondations, des bureaux familiaux et d'autres investisseurs tout au long du cycle d'investissement. Mon travail inclut la conception de stratégies d'investissement et l'élaboration de politiques directrices, la détermination du mix d'allocation d'actifs (où investir en fonction des risques, du rendement, de l'impact et d'autres considérations), la sélection et la gestion des gestionnaires d'investissement, et ensuite la gestion de ces investissements. J'ai également dirigé des initiatives d'investissement avec criblage positif et négatif, ainsi que diverses initiatives d'engagement des actionnaires.
Grâce à cela, j'ai eu l'occasion d'être l'un des premiers investisseurs dans le Moulin, de soutenir le premier fonds de capital-investissement autochtone en Amérique du Nord, de diriger l'un des plus grands véhicules de logement abordable en Amérique du Nord actuellement, et de soulever des questions sur les droits des travailleurs, la crise des opioïdes, le changement climatique et bien plus avec de grandes entreprises.
Vous avez souvent dit que le programme d’obligation communautaire (community bond) du Moulin est l'un de vos investissements d'impact préférés au Canada. Pouvez-vous nous dire pourquoi ?
En tant qu'immigrant, bien que financièrement privilégié, je suis conscient des difficultés à faire d'un autre pays son chez-soi. Ces défis sont grandement amplifiés si vous manquez du capital nécessaire (pour l'accréditation, etc.) pour être à votre meilleur. Je soutiens le Moulin car il aide à réduire au moins une barrière pour ces immigrants et contribue à créer une société plus équitable, juste et impartiale. Il contribue également à une plus grande prospérité pour le Canada en fournissant des talents dans des domaines en pénurie, en augmentant les impôts et en réduisant le sous-emploi.
En tant qu'investisseur, à travers mes divers rôles de gestion, de conseil et au sein de conseils d'administration, j'ai investi dans le Moulin à plusieurs reprises. Je pense qu'un produit comme le Community Bond du Moulin, qui génère des rendements décents (par rapport à des comparables comme les obligations gouvernementales et les CPG par exemple), a des taux de défaut très bas et crée un impact fort dans la communauté, est un excellent investissement.