Pourquoi les personnes immigrantes et réfugiées devraient-elles s’intéresser au Mois de l’histoire des Noirs au Canada ?
2023-02-13
Un article de blogue écrit par l’un de nos collaborateurs, Dapo Bankole, ancien client et maintenant membre du conseil d’administration du Moulin Microcrédits.
Durée de lecture estimée : 4 minutes
En résumé :
J’ai grandi au Nigeria et à l’époque où j’y vivais encore, je ne manquais jamais une occasion de visiter mon village. C’est une tradition familiale. Même si nous vivions dans plusieurs grandes villes du sud-ouest du pays, mes frères et sœurs et moi savions comment nous rendre à notre village, aussi éloigné fût-il.
Je dois avouer qu’au début, ça n’avait pas vraiment de sens de quitter régulièrement le confort de la vie urbaine ; renoncer à l’électricité, à l’eau du robinet et à l’air climatisé pour visiter un village isolé ? Ça n’avait en effet pas de sens. Mais avec le temps, mes sentiments ont changé et nous avons fini par nous réjouir de découvrir davantage la vie du village et d’apprendre à connaître notre culture et notre patrimoine.
Mes parents avaient un très grand verger et des terres agricoles dans notre village et nous pouvions cueillir les fruits directement des arbres. Quelle vie bénie ! Et au-delà des vergers et des terres agricoles, nous nous sommes fait des camarades et avons établi d’excellentes relations avec d’autres enfants qui vivaient dans le village ou qui étaient en visite comme nous.
Dapo Bankole est un immigrant canadien du Nigeria. Il est le fondateur de Mopheth Systems et aussi membre du conseil d’administration et ancien client du Moulin. Il réside à Calgary avec sa femme et ses enfants.
Plus récemment, ma famille est retournée au Nigeria pour la première fois depuis que nous avons immigré au Canada, en 2012, et nous avons poursuivi la tradition familiale une fois de plus en visitant notre village. Ce village, c’est une partie importante de qui nous sommes — de notre histoire et de notre identité.
Ma femme et moi avons insisté pour y emmener nos enfants. Nous l’avons fait parce que nous ne pouvons pas nous permettre d’oublier nos racines, notre culture et l’origine du chemin qui nous a menés là où nous sommes aujourd’hui. Même si nos vies sont maintenant fermement ancrées à Calgary, apprendre notre histoire nous permet de comprendre les causes et les conséquences des événements passés et de prendre des décisions éclairées dans le présent et pour l’avenir. L’étude de l’histoire nous permet de mieux comprendre le contexte et les motivations de différentes actions et décisions, et la manière dont elles ont façonné le monde dans lequel nous vivons.
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Un rôle pour les personnes immigrantes et réfugiées
Je pense que les personnes immigrantes et réfugiées, comme moi, ont un rôle important à jouer dans la reconnaissance et la célébration du Mois de l’histoire des Noirs, qui a lieu chaque année en février au Canada. Lorsque nous nous informons sur les contributions et les expériences des personnes noires ici, nous comprenons mieux les défis et les obstacles systémiques auxquels elles sont confrontées. Seulement ainsi pouvons-nous trouver de nouvelles façons de les soutenir et de les défendre et, peut-être, de mieux comprendre ce pays qui est le nôtre. Lorsque nous nous informons, nous réfléchissons également à notre histoire et identité communes, ainsi qu’à notre travail commun pour créer une société plus inclusive et équitable pour tous.
Les personnes noires canadiennes ont joué un rôle important dans le développement du Canada — ne serait-ce que par leur contribution au chemin de fer clandestin et aux diverses guerres auxquelles le Canada a participé, ou par les réalisations incroyables de personnes comme Viola Desmond, Lincoln Alexander, Willie O’Ree ou Angela James — en plus d’être victimes de plusieurs tragédies comme Africville. Pourtant, il arrive souvent que leurs contributions soient négligées ou sous-représentées dans les récits dominants ou, pour un certain nombre de raisons différentes, que les personnes immigrantes et réfugiées au Canada ne les connaissent pas du tout. Reconnaître et célébrer les contributions des Canadiens et Canadiennes noir·e·s est un excellent moyen de comprendre l’histoire du Canada d’un point de vue plus inclusif et précis, mais aussi de comprendre le Canada d’aujourd’hui.
Lorsque les personnes nouvellement arrivées célèbrent le Mois de l’histoire des Noirs, elles s’unissent à nous pour développer une connaissance mutuelle et nos identités s’entrelacent les unes aux autres. Rien ne nous empêche de nous plonger dans le patrimoine d’une autre communauté pour mieux le comprendre. D’une certaine façon, c’est aussi ça être Canadien·ne. C’est peut-être même la meilleure partie.
Quelle que soit votre origine raciale ou ethnique, vous pourriez trouver votre apprentissage sur l’histoire et les contributions des personnes noires canadiennes révélateur. Et pour les personnes nouvellement arrivées qui s’identifient comme noires, il est encore plus important de comprendre ces aspects de l’histoire du Canada et du contexte actuel. Ces connaissances pourraient vous aider à développer un sentiment de fierté envers votre nouveau pays ou d’appartenance avec ces personnes qui vous ressemblent le plus. Plusieurs Canadien.ne.s noir.e.s inspirant·e·s sont également des personnes immigrantes ou réfugiées. Comprendre leur histoire pourrait vous aider à contrecarrer les sentiments d’isolement et de marginalisation qui surviennent souvent en raison du racisme ou de la discrimination.
Alors, que pouvez-vous faire en tant que personne immigrante ou réfugiée pour souligner le Mois de l’histoire des Noirs ?
Voici cinq moyens de le célébrer avec nous.
Action no 1: Lisez sur l’histoire des personnes noires canadiennes et sur leur expérience actuelle. Consultez des ouvrages comme The History of Black Canadians de James W. St. G. Walker; Black on Bay Street: The Toronto Experience de George Elliott Clarke; Black Like Who? de Rinaldo Walcott; They Call Me George: The Untold Story of Black Train Porters and the Birth of Modern Canada par Cecil Foster et The Skin We’re In: A Year of Black Resistance and Power par Desmond Cole.
Action n° 2 : Participez à des événements et des ateliers qui célèbrent l’histoire et la culture des personnes noires canadiennes. Consultez le calendrier.
Action n° 3 : Prenez contact avec des organisations et des groupes communautaires gérés par des personnes noires et joignez-les pour en apprendre davantage sur l’expérience des personnes noires au Canada et participer aux efforts visant à soutenir les communautés de tout le pays. Voici un bon point de départ.
Action n° 4 : Si les deux parties en conviennent, engagez des conversations et des discussions sur l’histoire et les expériences des personnes noires canadiennes avec des membres de ces communautés. Posez-leur des questions sur leurs expériences personnelles et écoutez-les activement et respectueusement. Ces conversations vous aideront peut-être à développer votre compréhension et votre empathie et à faire de vous un allié ou une alliée.
Action n° 5 : Cherchez des nouvelles sources médiatiques gérées par des personnes noires et d’autres communautés marginalisées au Canada. Elles vous aideront à comprendre avec plus de précision ou de nuances l’histoire les contributions des personnes canadiennes noires, ainsi que les défis actuels auxquels elles sont confrontées. Voici quelques médias à explorer.
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